L’Association des Municipalités du Camino de Santiago (AMCS), en collaboration avec la Fraternité internationale du Camino de Santiago (FICS) et l’Association des auberges traditionnelles de Castilla y León, a élaboré début mai 2020 un document (en espagnol) proposant des normes et mesures sanitaires dans la perspective de la réouverture des auberges pour les pèlerins du Camino de Santiago. Cet article reprend les principaux éléments de ce protocole.
De nouvelles mesures sanitaires pour les auberges de pèlerins
Deux médecins et une infirmière ont rédigé ces mesures sur la base des protocoles de santé pour le Covid 19 et autres maladies contagieuses similaires. Ils ont adapté les conseils de l’OMS et du gouvernement espagnol aux auberges de pèlerins. Ces protocoles, préparés à l’avance, s’appliqueront lorsque l’ouverture des auberges sera autorisée. Ces recommandations sont en cours de validation par les agences de santé. Une fois approuvées, elles seront mises à la disposition de tous les refuges. Rappelons que le virus se transmet par contact, direct (postillons) ou indirect (surfaces contaminées). La responsabilité individuelle sera essentielle.
- Maintien systématique d’une distance de 1,5 à 2 m entre les personnes.
- Nettoyage régulier et complet des mains, au savon et au gel hydroalcoolique.
- Utilisation de masques, gants, écrans faciaux.
- Tousser ou éternuer dans son coude ou un mouchoir jetable.
- Éviter de se toucher le visage en dehors de chez soi, avec ou sans gants.
- Ne pas partager l’usage d’objets tels les couverts, les objets personnels, les poignées de porte, etc.
- Adopter des mesures d’hygiène et de désinfection extrêmes pour toute surface exposée à des contacts multiples.
- Isoler les personnes présentant des symptômes de l’infection et les signaler aux instances sanitaires des communautés autonomes ou au 112.
En conséquence, l’AMCS préconise deux types de mesures : d’une part, d’hygiène et de prévention pour les auberges ; d’autre part, d’autoprotection du pèlerin pendant son chemin.
Mesures d’hygiène et de prévention dans les auberges pour pèlerins
Des protocoles seront adaptés aux spécificités de chaque auberge. Les hospitaliers devront être formés à ces nouvelles mesures.
MODALITÉS D’ACCUEIL DANS LES AUBERGES
- Le pèlerin devra enlever ses chaussures de marche, les déposer dans un sac poubelle et mettre les chaussures qu’il utilise le soir après l’étape avant de pénétrer dans l’auberge.
- Dans la mesure du possible, les gestionnaires de l’auberge installeront un paillasson imbibé d’eau de javel à l’entrée de l’auberge. Le liquide sera renouvelé au moins une fois par jour. Le pèlerin devra y essuyer ses chaussures avant d’entrer.
- Solution alternative : les gestionnaires fourniront aux pèlerins un pulvérisateur contenant une solution désinfectante (eau de javel ou alcool) pour application sur la semelle de ses chaussures.
- Après l’opération « chaussures », le pèlerin sera invité à se désinfecter les mains et les gants avec un gel hydroalcoolique mis à sa disposition.
- Le pèlerin ne pourra entrer dans l’auberge que s’il porte un masque, au moins de type chirurgical. Il devra garder son masque en permanence durant toute la durée de son séjour dans l’auberge.
- Le pèlerin rentrera dans l’auberge avec son sac sur le dos, et, le cas échéant, le sac poubelle contenant ses chaussures.
- La désinfection des chaussures et des mains sera à renouveler à chaque nouvelle entrée/sortie dans l’auberge.
- Ces consignes devront être clairement mentionnées en plusieurs langues (recommandé en anglais, français, italien, allemand, coréen et japonais) et à l’aide de dessins à l’extérieur de l’auberge.
- Pour gérer les files d’attente à l’entrée des auberges, des marques au sol devront aider au respect de la distanciation sociale, en accord avec les municipalités.
CONSIGNES À LA RÉCEPTION
- À la réception comme à l’intérieur de l’auberge, dans toutes les parties communes où il y aura plus de 2 personnes, l’usage du masque, au moins de type chirurgical, et le respect des distances entre les gens (1,5 m à 2 m) seront obligatoires.
- Les hospitaliers ou gérants des auberges ne pourront s’occuper que d’un seul pèlerin à la fois.
- Dans la mesure du possible, des cloisons en verre, en méthacrylate ou équivalent seront installées afin de protéger les hospitaliers. En cas d’impossibilité, les hospitaliers devront porter des écrans individuels et, nécessairement, un masque, au moins de type chirurgical.
- L’hospitalier recommandera au pèlerin de toucher le moins possible toutes les surfaces communes de l’auberge.
- Première mesure préventive : prendre la température corporelle du pèlerin à l’aide d’un scanner thermique ou un thermomètre numérique sans contact ou avec un contact minimal (dans ce cas, l’appareil devra être désinfecté après chaque utilisation). Une température anormalement élevée devra être considérée comme un symptôme. Le pèlerin sera alors invité à contacter les services sanitaires. Cependant, la température corporelle est un symptôme relatif. En effet, certaines personnes affectées par le Covid19 n’ont pas eu de fièvre. En outre, l’élévation de la température corporelle peut être le signe d’une infection autre, d’une hyperthermie ou « coup de chaleur ».
- La table (ou bureau) de réception devra toujours être nettoyée et vide de tout objet. Les outils de l’hospitalier (ordinateur, tampon, téléphone mobile, registres, etc) devront être derrière la vitrine de protection.
- Le pèlerin recevra toutes les informations nécessaires au bon fonctionnement de l’auberge et à cette situation exceptionnelle. Pour éviter la formation de trop longues files d’attente à l’extérieur, il est recommandé de délivrer à chaque pèlerin un document dans sa langue rappelant toutes les consignes. Des panneaux devront être répartis dans l’auberge et rappeler les mesures de prévention sanitaire.
- Pour procéder à son inscription, le pèlerin déposera ses papiers d’identité et sa credencial dans un bac facile à désinfecter.
- Dans les auberges où l’hospitalier accompagne le pèlerin jusqu’au dortoir, il devra respecter la distance de sécurité.
- Après chaque pèlerin, l’hospitalier devra désinfecter le bac de réception des documents, la chaise, la table avec lesquels le pèlerin aura été en contact. L’hospitalier appliquera ensuite du gel hydroalcoolique sur ses gants.
DANS LES DORTOIRS
- Dans la mesure du possible, il faudra éviter l’utilisation partagée des dortoirs, à l’exception des groupes déjà formés qui cheminent ensemble (comme les familles).
- Il est recommandé aux pèlerins de porter leur masque pendant leur sommeil.
- Un distributeur de solution hydroalcoolique sera installé à l’entrée de chaque dortoir. Le pèlerin devra l’utiliser à chaque fois qu’il entrera dans le dortoir. Ce n’est qu’à l’entrée du dortoir que le pèlerin pourra retirer son sac de ses épaules, pour le déposer, à côté du sac poubelle contenant ses chaussures, à l’endroit prévu à cet effet. Il faudra alors pulvériser le sac à dos avec une solution désinfectante.
- Les lits devront être espacés de 1,5 m au moins, et, si possible, de 2 m. Dans le cas de lits superposés, il faudra éviter l’utilisation du lit du dessus et des lits contigus. Pour éviter toute confusion, il faudra retirer les matelas des lits ne pouvant être utilisés.
- Il est recommandé aux pèlerins d’emporter leur sac de couchage. Ceux qui n’en auraient pas pourront demander des draps et couvertures, qui devront systématiquement être lavés et désinfectés après chaque utilisation. Ce travail supplémentaire pour les tenanciers des auberges pourrait justifier un surcoût pour le pèlerin.
- L’auberge fournira un second sac poubelle au pèlerin pour qu’il y dépose ses vêtements sales avant de les laver.
- L’usage de deux housses de protection pour les matelas et les oreillers est fortement recommandé. Elles seront lavées après chaque usage à 60°. En cas d’impossibilité, il faudra renforcer le nettoyage quotidien par une désinfection avec une dilution viricide.
- Après le nettoyage habituel à l’eau et au savon, les meubles, le sol et les murs des dortoirs, les matelas et les oreillers devront être pulvérisés avec une solution désinfectante à base d’eau de javel ou d’alcool.
LES PARTIES COMMUNES
- Pèlerins comme hospitaliers devront maintenir une distance de 1,5 m à 2 m entre eux. Ils devront porter des masques, au minimum de type chirurgical, et éviteront de toucher objets et surfaces.
- Il est recommandé de maintenir fermés les espaces communs non essentiels (comme la cuisine ou la salle à manger dans les étapes où il existe des restaurants). Cela permettra de concentrer les efforts sur les espaces primordiaux comme les dortoirs et les salles de bain.
LES SALLES DE BAIN
Elles représentent les zones les plus sensibles. Elles nécessitent donc une désinfection extrême.
- L’usage des douches et des toilettes devra être échelonné au maximum. Toutes les surfaces de contact (douches, poignées de porte, patères, etc) devront être désinfectées après chaque utilisation. Le pèlerin devra se déshabiller avant d’entrer dans la zone de douches et déposer ses vêtements sales dans un sac poubelle qu’il emportera ensuite à la buanderie. Il devra se laver les mains au savon ou gel hydroalcoolique AVANT et APRÈS son passage dans la salle de bains ou aux toilettes.
LES SALLES À MANGER ET LES CUISINES
- Là encore, il faudra maintenir la distance minimale entre personnes (1,5 m à 2 m), à table comme dans le coin cuisine. Les convives devront plutôt être décalés que face à face.
- Pour des raisons pratiques, la cuisine, si elle est ouverte, ne pourra être utilisée que par un seul pèlerin à la fois.
- En cas de repas partagé entre plusieurs pèlerins, un seul d’entre eux pourra le préparer. La marmite ne pourra pas être déposée sur la table. Seules les assiettes avec la nourriture déjà servie pourront l’être.
- Après avoir lavé la vaisselle avec un produit ordinaire, tout sera désinfecté avec une dilution javellisée.
CHAPELLES, SALLES COMMUNES ET COURS EXTÉRIEURES
- Maintien de la distanciation sociale et du port du masque, au minimum de type chirurgical.
- Toutes les zones communes, y compris la buanderie ou le parking à vélos, seront désinfectées quotidiennement.
Mesures d’auto-protection pour les pèlerins sur le chemin
Des mesures exceptionnelles face à la crise sanitaire traversée seront proposées au pèlerin.
- Maintenir la distanciation sociale (1,5 m minimum, 2 m recommandés), sur le chemin comme dans les villages et les auberges.
- Porter un masque, au minimum de type chirurgical, et si possible de type FFP2 sans valve.
- Porter des gants en latex en entrant en contact avec d’autres pèlerins, des autochtones ou tous les acteurs du chemin.
- Multiplier les mesures d’hygiène, en se lavant fréquemment les mains au savon ou au gel hydroalcoolique, en particulier après avoir touché des surfaces susceptibles de transmettre le virus.
- Emporter son propre sac de couchage, son propre gel, des masques et des gants en quantité suffisante jusqu’à la pharmacie suivante.
- Éviter de cracher par terre, de tousser sans les précautions appropriées, de jeter des mégots de cigarettes, les gants, les masques, les déchets en dehors des poubelles appropriées.
- Les fontaines et les aires de repos seront régulièrement désinfectées.
- Il est conseillé aux pèlerins de s’informer sur le nombre de places disponibles dans les auberges.
- Il serait opportun que les municipalités mettent en oeuvre des plans d’urgence prévoyant des espaces pour abriter les pèlerins qui ne trouveraient pas un lit dans une auberge ou un hôtel.
➡️ Source : La AMCS adapta las recomendaciones de la OMS para los albergues de peregrinos (4 mai 2020) – Document PDF sur les mesures recommandées (en espagnol).
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il sera vraiment difficile pour ne pas dire impossible de cheminer l’esprit tranquille !!
Merci pour votre article. Je le trouve hyper complète.
Effectivement certains habitudes vont changer mais l’esprit restera toujours.
Merci encore.
Chers amis e
Bien sur, des bénévoles font un maximum pour permettre aux pèlerins de repartir. Mais là, trop de contraintes et trop de personnes ne se préoccupent pas des précautions à prendre.
Ca sera pour l’année 2021.
Amitiés Jacquaires
Dom du Thor.
Suite à la lecture de ce document, il faut demeuré réaliste , pour se conformer à ces nouvelles directives le pèlerin( rines) risque fort de si perdre et menacé la réussite de son objectif soit de réussir sa marche ( démarche) non pas par la distance à parcourir mais par le respect de tout ces consignes. Il serait plus sage de reporter à l’an prochain son projet en 2021.lorsque les mesures sanitaies se seront assouplies .
Bonjour Luc. Je partage votre avis, mais il me semblait important d’informer sur les mesures en vigueur. Cela dit, elles vont sans doute s’assouplir avec le temps. Bien cordialement, Fabienne
Ping : Coronavirus COVID-19 et Compostelle: dernières informations - Santiago in Love
Bonjour,
très intéressants l’article, faudra faire avec c’est certains, même avec toutes les consignes ! Par contre si une grande partie on reporté à l’année prochaine, ça risque d’être très encombré avec la fête de la Saint-Jacques, on estime à plus de 100 000 pèlerins, voir plus qui vont défiler sur les différentes voies jacquaires, par chance une grande majorité vont démarrer à Roncevaux, vu les prix pratiqués en France qui sont exorbitants.
Bonjour Philippe. Et merci pour vos encouragements. Je vous invite également à aller consulter mon article sur les auberges en Espagne, que je mets à jour régulièrement. Certains chemins ont des zones déconseillées pour cause de Civid. Et effectivement, les années jacquaires (surtout que c’est la première depuis 11 ans) sont surfréquentées. Et avec l’année 2020 que l’on connait, l’affluence pourrait encore en être plus forte. Bien cordialement, Fabienne
Bonjour,
J’ai commencé le chemin du Puy-en-Velay l’été passé avec un but précis;En décembre 2018, j’ai eu un greffon rénal,car auparavant j’ai dialysé 5 ans vu que mes reins ne fonctionnaient plus.Entre-temps,on m’a fait l’ablation d’un rein et ça c’est mal passé,je suis tombé dans le coma,je m’en suis sorti heureusement sans séquelles graves,mais c’est une sacrée expérience.C’est pour cela que je me suis lancé sur le pèlerinage et également remercier le donneur,par étapes et cette année j’avais préparé en repartant de Aumont-Aubrac.Mais vu que je suis greffé, j’ai moins d’immunité,la « mort » dans l’âme j’ai tout annulé.Le chemin m’avais fais un grand bien moralement avec des rencontres superbes.Je garde l’espoir de pouvoir continuer l’année prochaine sans restrictions pour continuer à honorer la mémoire du donneur et remercier sa famille.
Merci André pour votre touchant témoignage. Je vous souhaite de pouvoir continuer votre pèlerinage l’an prochain. Cette année est vraiment délicate pour tout le monde. Bien à vous, Fabienne
septembre je pense partir sur la via lusitana (seville ,fatima,porto,compostelle
pour les refuges que dois prévoir et pour l’avion