Camino sin limites : quand l’amour fraternel défie l’improbable !

Camino sin limites : un amour fraternel incommensurable

Camino sin limites

Oliver et Juan Luis Marfil, du projet Camino sin limites. Capture d’écran sur leur site internet.

L’un s’appelle Oliver. L’autre Juan Luis. Ils sont frères. Espagnols. De Granada. Ils ont parcouru en septembre dernier les 800 kilomètres qui séparent Roncevaux de Saint-jacques de Compostelle. Jusque là, rien d’exceptionnel, me direz-vous ? Sauf que le plus jeune des frères, Juan Luis, est handicapé à 96%. Il n’est autonome ni pour se déplacer, ni pour s’alimenter, ni pour un quelconque acte de la vie quotidienne. Il ne se déplace qu’en fauteuil roulant, poussé par quelqu’un d’autre. Les deux frères ont vécu une aventure épique qui les marquera jusqu’à la fin de leur vie.

La vidéo officielle de présentation du projet Camino sin limites. Vidéo musicale (textes en espagnol), ajoutée sur You Tube le 3.08.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : la réalité des personnes à mobilité réduite

L’un des objectifs de ce périple était de montrer la réalité quotidienne des personnes à mobilité réduite. Pour cette raison, les deux protagonistes ont décidé de suivre le chemin traditionnel, comme tous les pèlerins, et non pas d’emprunter des routes carrossables. Ainsi, ils ont pu partager leur aventure avec les milliers de pèlerins qui empruntent le Camino francés. Ils ont aussi voulu démontrer que les freins mentaux sont les pires ennemis à la réalisation d’un projet. Ils ont très vite été entourés de la grande famille du chemin. Finalement, les seules limites sont celles que l’on se fixe soi-même.

La première étape, le 13 septembre 2016, au départ de Roncevaux. Les deux frères commencent seuls. La joie de Juan-Luis est éclatante. Premières difficultés, lorsqu’il faut traverser un ruisseau, grimper la première côte et affronter la pluie. Premières astuces aussi, comme le ficelage des pieds de Juan-Luis dans un sac poubelle. Vidéo en espagnol ajoutée le 14.09.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : la souffrance et la joie

Les personnes handicapées sont confrontées chaque instant à un nombre incalculable d’obstacles, voient la majeure partie de leurs besoins ignorés et luttent constamment pour s’adapter à une société, qui, la plupart du temps, détourne son regard. Alors Oliver a gravé chaque instant de cet incroyable défi sur la pellicule, et il vient de terminer le montage de chaque vidéo quotidienne, « pour que vous puissiez voir et partager avec nous la souffrance et l’indescriptible joie face à chaque difficulté surmontée ».

Dès la seconde étape, de Zubiri à Pamplona, les deux frères ne sont déjà plus seuls. La solidarité joue à plein. Heureusement, car il faut descendre des escaliers, avancer sur les chemins empierrés, grimper des pentes gravillonnées. Un vendeur de fruits et de boissons un peu plus loin affirme que c’est la première fois qu’un pèlerin passe en fauteuil roulant. Vidéo en espagnol ajoutée le 15.09.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : regarder toujours droit devant !

Oliver l’affirme, en préambule : « ni moi ni Juan Luis ne sommes de grands marcheurs. Le défi n’en a été que plus fort. Nous avons commencés seuls, aidés par notre mère qui nous a servi d’appui logistique avec la désormais légendaire fourgonnette de Camino sin limites. Nous n’avions pas la moindre idée de ce que cette expérience nous procurerait, mais une chose était claire : jamais nous ne faillirions à notre devise de regarder toujours devant nous, de continuer à avancer. ».

Au bout de 300 kilomètres, le fauteuil roulant présente des traces d’usure, et il serait dangereux de continuer sans réparer. Les deux frères s’arrêtent donc à Burgos pour remettre le fauteuil en état de marche. L’entreprise ne leur fait rien payer. Par contre, Oliver explique également que, ayant dû patienter jusqu’à la fin du week-end pour pouvoir trouver un atelier de réparation, ils se sont vus refuser par l’auberge paroissiale de rester une nuit supplémentaire, car on leur a appliqué la règle habituellement en vigueur, à savoir une seule nuit dans chaque auberge publique ou paroissiale. Nul n’a été tenu compte du handicap de Juan-Luis. Nos compères ont donc opté pour le camping, en continuant à positiver. Vidéo en espagnol ajoutée le 29.09.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : faire quelque chose de plus grand que nous

Une précédente expérience avait emporté la décision des deux frères. Pendant la semaine sainte de l’année 2014, Oliver et Juan avaient parcouru les 60 derniers kilomètres du Camino francés depuis Melide. Essai concluant, puisque les deux jeunes hommes savaient à leur arrivée qu’ils recommenceraient, mais cette fois, de (beaucoup) plus loin. Les deux frères ne concevaient pas ce projet comme un simple voyage : « cela devait être plus grand que nous. Si réellement nous nous lancions dans cette odyssée, c’était dans le but d’engendrer un impact positif sur la vie d’autres personnes, de rendre le monde un peu meilleur. Nous souhaitions un monde plus conscient. Une société où chaque être, indépendamment de ses capacités, soit pris en compte ».

22e étape, de Foncebadon à Molinaseca. 900 mètres de dénivelé. Nos compères s’élancent dans la brume matinale. Arrivée à la Cruz del Ferro, Oliver porte son frère jusqu’à la croix et lui donne la pierre qu’il va pouvoir lui-même déposer au pied de la croix, comme tant d’autres pèlerins. L’émotion est palpable. Tout comme le bonheur de Juan-Luis. Il reste 236 kilomètres jusqu’à Santiago. La solidarité continue à faire son œuvre. Les deux frères sont bien entourés et assistés par un groupe de pèlerins. A El Acebo, l’hospitalero a préparé une collation, pour Juan-Luis, qu’il déclare le pèlerin le plus beau et le plus valeureux de tous. Reste 400 mètres de dénivelé pour atteindre Molinaseca. Il faut enjamber des troncs d’arbre, des grosses pierres. A pied, aucune difficulté, mais en fauteuil roulant ? Une roue du fauteuil se décroche. Oliver fait faire quelque pas à son frère. Le groupe est soulagé d’arriver à destination. Vidéo en espagnol ajoutée le 29.11.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : rendre accessible à tous les sentiers de randonnée

Ainsi, les fonds collectés par le projet « Camino sin limites » sont destinés à l’association « La Ciudad accessible » (la ville accessible à tous), dont Juan-Luis est l’un des plus dynamiques activistes, défendant les droits des personnes handicapées, une société plus juste, l’égalité des chances… Cette association de Granada milite pour une accessibilité pour tous. Les deux frères poursuivent un rêve : adapter et rendre accessible aux personnes à mobilité réduite des sentiers de randonnée. Sans obstacles. Juste pour que celles-ci puissent savourer leur « marche ». Et pas seulement à Granada, mais au niveau national. « Chaque pas, chaque effort, chaque centime, chaque petite aide compte », insiste Oliver. L’association va commencer à adapter un tronçon du Camino Mozarabe, lequel passe par Granada. La suite du projet dépend de la solidarité de tous. Ce bout de chemin a une saveur toute particulière pour les deux hommes : c’est là qu’ils se sont entraînés avant de s’élancer sur le Camino francés.

Camino sin limites : l’impossible devient possible

25e étape, de Trabadelo à O Cebreiro. Tout le monde leur a dit qu’il serait impossible d’effectuer cette étape en fauteuil roulant. Accompagnés d’autres pèlerins, ils tentent ce pari fou. Ils sont trois à s’arnacher au fauteuil. Deux le tirent avec des cordes, un le pousse. Juan-Luis porte un casque, en cas de chute de l’équipage. Des pèlerins portent le sac de ceux qui tirent le fauteuil. Une solidarité exemplaire de tous. Avec un peps une bonne humeur incroyable. A l’arrivée, Oliver relate que finalement, l’étape n’était pas impossible comme beaucoup le prédisait, pas aussi compliquée qu’elle le paraissait. Son dos le fait souffrir, mais l’essentiel est d’être parvenu au sommet ! A l’auberge, on leur demande de laisser le fauteuil roulant dehors…Mais où va s’asseoir Juan-Luis ? Après tant d’efforts, une telle incompréhension à l’arrivée à l’auberge manque de leur ravir leur bonne humeur. Conclusion du jour : comment savoir si quelque chose est impossible sans l’avoir essayer ? Vidéo en espagnol ajoutée le 6.12.2016 par Oliver Trip.

Camino sin limites : au bonheur des larmes

Oliver et Juan-Luis sont partis de Roncevaux le 13 septembre 2016. Ils sont arrivés à Saint-Jacques de Compostelle le 22 octobre 2016.

Le jour de l’arrivée à Saint-Jacques de Compostelle. Une vidéo musicale récapitulative des moments intenses de cette aventure. Une formidable leçon de volonté, de courage, de positivisme, de surpassement de soi, de solidarité, de fraternité sans limites. Sur la place de l’Obradoiro, Oliver prend Juan-Luis dans ses bras. Emotion… sin limites. Juan-Luis terminera son chemin, sur ses pieds, au cap de Fisterra (vidéo You Tube ajoutée le 19.01.2017 par Oliver Trip)

Camino sin limites : ce n’est pas fini !

Un long métrage est en préparation…
Vous n’avez visionné ici qu’une toute petite sélection des vidéos mises en ligne par Oliver. Sa chaîne You Tube en contient une cinquantaine. Allez-y, vous serez enchantés : https://www.youtube.com/channel/UC3SQCrG207J8W3bFMJXAq6g

Vous pouvez également retrouver l’incroyable odyssée d’Oliver et Juan-Luis sur :
.leur site Web : http://www.caminosinlimites.com/
.leur page Facebook: https://www.facebook.com/Olivertrip1
.leur compteTwitter: https://twitter.com/OliverTrip1
.leur compte Instagram: https://www.instagram.com/olivertrip/

Camino sin limites : La presse en parle (et la revue de presse de ce site aussi)

4.08.2016
Dos granadinos pondrán a prueba la accesibilidad desde Roncesvalles a Santiago de Compostela
Deux frères espagnols de Granada, Oliver et Juan Luis Marfil Fernández s’élanceront le 1er septembre dans un projet intitulé « Camino Sin Límites ». Oliver est un blogueur de voyages très connu. Juan Luis, l’un des animateurs les plus actifs de l’association « Ciudad Accesible ». Le premier valide, et le second, en fauteuil roulant, vont parcourir les 800 kilomètres du Camino Francés au départ de Roncevaux. L’objectif est de démontrer les difficultés auxquelles sont confrontées quotidiennement les personnes en fauteuil. Ils filmeront leur avancée vers la capitale galicienne, pour témoigner de ces difficultés. Les fonds recueillis pendant cette aventure seront reversées à l’Asociación Accesibilidad para Todos « La Ciudad Accesible ».
http://www.granadadigital.es/dos-granadinos-pondran-a-prueba-la-accesibilidad-desde-roncesvalles-a-santiago-de-compostela/
http://www.ideal.es/granada/201608/04/granadinos-recorreran-kilometros-camino-20160804174234.html
Article en espagnol
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/revue-de-presse-des-chemins-de-pelerinage-semaine-31-2016/)

31.08.2016
Je vous ai déjà parlé du projet de ces deux frères, dont l’un souffrant de problèmes cérébraux, qui ont décidé de parcourir ensemble les 800 kilomètres du camino francés, dans le cadre d’un projet qu’ils ont baptisé « Camino sin limites ». La vidéo est en espagnol, désolée pour ceux qui ne le parlent pas.
Vidéo en espagnol
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/revue-de-presse-des-chemins-de-pelerinage-semaine-35-2016/)

4.10.2016
‘Camino sin Límites’, 800 kilómetros de superación
Je vous ai déjà parlé de « Camino sin limites », l’histoire de ces deux frères, dont l’un, Juan Luis, lourdement handicapé à cause d’une paralysie cérébrale, qui ont entamé le 13 septembre à Roncevaux leur chemin de Compostelle. Oliver pousse le fauteuil roulant de Juan Luis, et leur mère les accompagne en voiture. Les deux frères sont arrivés à Léon, empruntant le même chemin que tous les pèlerins, selon le vœu de Juan Luis qui ne souhaite pas emprunter les routes asphaltées. Il y a deux ans, les deux frères avaient parcouru les 60 derniers kilomètres, de Melide à Santiago. En 5 jours seulement, il leur était apparu évident que leur expérience n’en resterait pas là. Juan Luis, 20 ans, lutte sans cesse pour faire reconnaître les droits des personnes handicapées. Une occasion supplémentaire pour promouvoir l’accès aux chemins aux personnes handicapées, mais aussi pour démontrer qu’avec l’envie et la volonté, rien n’est impossible. D’autres pèlerins se sont joints spontanément à l’équipage, donnant un coup de main pour porter le fauteuil dans les passages difficiles. Les deux frères estiment cette expérience très riche et remplie d’amitié : partis seuls, ils rencontrent chaque jour des pèlerins pour les aider. Les deux frères ont besoin l’un de l’autre, et se donnent mutuellement la force nécessaire.
http://www.leonoticias.com/leon/201610/04/camino-limites-kilometros-superacion-20161004191106.html
Article en espagnol
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/revue-de-presse-chemins-de-pelerinage-semaine-40-2016/)

Camino sin limites

Capture d’écran du site internet du projet Camino sin limites

Et aussi

24.10.2016
Camino Sin Límites hace historia al terminar el Camino de Santiago Francés para concienciar de la importancia que tiene la accesibilidad
Oliver et Juan Luis Marfil, partis de Roncevaux le 13 septembre, sont arrivés à Saint-Jacques de Compostelle le 22 octobre. Juan Luis est handicapé à 96% à cause d’une paralysie cérébrale qui l’oblige à vivre en fauteuil roulant. C’est ainsi que les deux frères de Granada ont parcouru les 800 kilomètres du Camino francés, Oliver poussant le fauteuil roulant de son jeune frère de 21 ans. Fidèles à leurs principes de départ, les deux frères ont uniquement emprunté le chemin, sans se dévier vers des voies alternatives asphaltées plus faciles. Ils voulaient ainsi prouver que c’était possible, et montrer au monde les difficultés et les barrières à surmonter au quotidien lorsque l’on ne dispose pas de toutes ses capacités physiques. Après un dernier obstacle (l’escalier qui descend vers la Place de l’Obradoiro, NDLR), l’émotion a submergé l’équipage, et en particulier Juan Luis qui n’avait pas autant pleuré depuis le décès de son grand-père. Oliver est un voyageur et blogueur très connu dans la péninsule ibérique, et Juan Luis l’un des membres les plus actifs de l’association « La Ciudad Accesible » : « nous souhaitons une humanité plus consciente, des espaces pour tous, où chaque être humain, indépendamment de ses capacités, soit pris en compte ». Une collecte de fonds a été lancée afin de mettre en chantier un projet d’adaptation de chemins de randonnée dans toute l’Espagne, afin qu’ils puissent être empruntés par des personnes à mobilité réduite, dans le but de créer une société plus juste et égalitaire pour tous. L’association « La Ciudad Acessible » a convié les citoyens de Granada pour accueillir les deux frères de retour de leur incroyable aventure le 25 octobre.
http://www.granadadigital.es/camino-sin-limites-hace-historia-al-terminar-el-camino-de-santiago-frances-para-concienciar-de-la-importancia-que-tiene-la-accesibilidad/
http://www.lavanguardia.com/local/sevilla/20161024/411285121531/dos-granadinos-uno-con-discapacidad-prueban-accesibilidad-camino-santiago.html
Article en espagnol
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/revue-de-presse-chemins-de-pelerinage-semaine-43-2016/)

6.12.2016
D’accord, cette vidéo est en espagnol, mais elle raconte l’ascencion d’O Cebreiro par le duo incroyable de Camino Sin Limites. Rappelons que deux frères de Malaga, Oliver et Juan Luis, ont relevé le défi de parcourir le Camino francés en septembre 2016. Pourquoi parle-t’on de défi ? Parce que Juan Luis est gravement handicapé, et ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant. Une formidable chaîne de solidarité se forme pour les aider à monter par le chemin des pèlerins, car Juan Luis refuse d’emprunter la route. 
Vidéo You Tube ajoutée par Oliver Trip le 6.12.2016
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/revue-de-presse-des-chemins-de-pelerinage-semaine-49-2016/)

19.01.2017
Vidéo Ajoutée sur You Tube le 19 janv. 2017 : La dernière vidéo de Camino Sin Limites, avec les images de l’arrivée sur la place de l’Obradoiro à Saint-Jacques de Compostelle
(Dans https://pelerinsdecompostelle.com/2017-revue-de-presse-des-chemins-de-pelerinage-semaine-3/)

Camino sin limites

Oliver et Juan Luis Marfil, du projet Camino sin limites. Capture d’écran sur leur site internet.

Copyright Fabienne Bodan & https://pelerinsdecompostelle.com

4 réflexions sur « Camino sin limites : quand l’amour fraternel défie l’improbable ! »

  1. Bonjour, j’aimerai partir 4-5 jours maximum avec mon compagnon en fauteuil roulant manuel, j’ai moi-même un handicap moteur léger. Je commence à me renseigner. apparemment, il vaut mieux commencer à faire la partie « elle camino frances ». Sur quelle portion est ce plus accessible? Merci. A bientôt!

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