La marche pèlerine au Québec en 2018

"Guide chemins de pèlerinage du monde" de Fabienne Bodan aux Éditions Ouest-France, chapitre Amérique.
« Guide chemins de pèlerinage du monde » de Fabienne Bodan aux Éditions Ouest-France, chapitre Amérique. Photo de Carole Longuépée sur l’un des chemins québécois (Sentiers entre Vents et Marées, Îles de la Madeleine).

Nous avions présenté sur ce site l’ouvrage de Michel O’Neill paru en janvier 2017 aux Presses de l’Université Laval, à Québec sous le titre : « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 ». Le professeur émérite et chercheur autonome membre de la Chaire Jeunes et religions de la Faculté de théologie et des sciences religieuses de l’université Laval de la ville de Québec dresse « l’état de la marche pèlerine au Québec en 2018 ». Nous vous présentons dans cet article les faits marquants soulignés par ce document de 62 pages et vous invitons à lire l’intégralité du document proposé en libre accès.

La marche pèlerine au Québec en 2018 en chiffres

  • Environ 3600 personnes du Québec ont marché sur les Chemins de St-Jacques en Europe (+ 8,96% par rapport à 2017)
  • 1941 personnes ont marché sur les chemins du Québec (1650 en 2017, soit +17,4% en un an, et +42% par rapport à 2016)
  • 67,6% sont des femmes
  • Nombre de chemins québécois : 30 (24 opérationnels, 3 en latence et 3 en développement)
  • Longueur des 30 chemins québécois : inférieure à 200 km (15) ; entre 200 et 800 km (11) ; plus de 800 (4). Elle varie entre 67 et 1870 km, avec une moyenne de 322,6 km.
  • La fragilité de la marche pèlerine québécoise demeure réelle, à cause de la difficulté à trouver des hébergements ou l’essoufflement des bénévoles. S’y ajoute le fait que 12 chemins sur 30 ne reposent sur les épaules que d’une ou deux personnes. C’est ainsi que l’un des premiers chemins créé au Québec, Le chemin des Navigateurs, mettra les clés sous la porte à l’issue de sa douzième saison en 2019, faute de relève.
  • Tendance vers une diversification des lieux de marche pèlerine (voie du Piémont-Pyrénéen (France), Via de la Plata (Espagne), Via Francigena (Italie), pèlerinage de Shikoku (Japon), Jeju Olle (Corée)…)
Association Du Québec à Compostelle
Capture d’écran du site internet de l’Association Du Québec à Compostelle

12 nouveaux chemins de marche pèlerine au Québec identifiés en 2017-2018

La marche pèlerine au Québec est en constante évolution. Au 31 décembre 2018, Michel O’Neill avait « repéré 24 chemins qui avaient été en opération durant l’année, trois en latence, et trois en développement, pour un total de 30 ». Dans son premier ouvrage paru en janvier 2017, il en recensait 18. Et dans le Guide des chemins de pèlerinage du monde paru fin octobre 2018, son auteur en décrit 21.

Les 10 chemins identifiés en 2017

LES 2 CHEMINS IDENTIFIÉS EN 2018

Hommage aux bénévoles du Chemin des Navigateurs par Hélène Grenier, une des actrices principales de la mouvance des chemins de marche pèlerine au Québec, et du groupe Marcher Autrement.

Les chemins québécois versus les chemins de Compostelle

  • Si l’on s’aventure de façon autonome dans la très grande majorité des cas sur les chemins de Saint-Jacques, on doit le plus souvent s’inscrire à quelque chose de pré-organisé au Québec (20 chemins sur 30).
  • Les dix parcours s’effectuant en autonomie au Québec fonctionnent tous sur le même principe : l’information sur le tracé et les services disponibles (hébergement, alimentation, etc.) est fournie soit dans un guide papier, soit sur internet. En janvier 2019, les informations pour le Chemin du Québec et la Voie des pèlerins de la Vallée n’étaient pas encore intégralement disponibles.
  • Certains des parcours sont balisés sur le terrain. Pour d’autres, il faut se contenter des guides.
  • Parmi les 20 chemins nécessitant une inscription, on note 5 modes de fonctionnement : 1 départ annuel unique avec trajet en continu (en général limité à une quinzaine de personnes) ; des départs quotidiens pendant une période déterminée (entre 15 et 25 jours en mai ou juin de chaque année, un nombre maximum de 4 ou 6 personnes) ; des chemins à moment de départ variable ; 1 fois par an, en convergence (différents lieux de départ, même lieu d’arrivée) ; 1 fois par an, en rayonnement (à partir d’un même lieu d’hébergement).
Michel O'Neill, auteur de « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 »
Michel O’Neill, auteur de « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 », paru aux aux Presses de l’Université Laval, à Québec (janvier 2017).

La dimension spirituelle des chemins de marche pèlerine du Québec en 2018

Comment qualifier un chemin de pèlerinage, ou de marche pèlerine ? Vaste débat. Michel O’Neill souligne « qu’une racine importante de la marche pèlerine québécoise demeure le pèlerinage catholique, qui implique comme toutes les formes de pèlerinage «une personne en déplacement vers un lieu sacré. Très souvent maintenant, le référent religieux catholique est absent même si ces chemins, comme toute randonnée de longue durée d’ailleurs, sont fréquemment une occasion d’introspection ou même de réflexion spirituelle.» 

Pour 12 chemins sur 30, la dimension religieuse catholique semble importante (centrale ou significative). Dans les 18 autres cas, elle ne l’est pas vraiment (marginale ou absente). L’auteur souligne que « plusieurs responsables ont insisté sur le fait que la marche de longue durée, de quelque type que ce soit, entraîne presqu’inévitablement une forme d’introspection et de réflexion sur soi. Plusieurs l’ont qualifiée de spirituelle. L’idée d’une spiritualité laïque universelle plutôt qu’encadrée par une religion particulière est revenue à plusieurs occasions.»

Chemin de Saint-Rémi, Québec
Point de départ du Chemin de Saint-Rémi, Québec

Vers une glampignisation de la marche pèlerine québécoise ?

Antón Pombo a publié sur le site espagnol Gronze une analyse des statistiques du bureau des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans cet article Tendances du Camino de Santiago 2018, traduit par mes soins, l’auteur galicien souligne que « les formes de voyages sont en train de changer. Influencées par les intérêts du marché, elles répondent à de nouveaux critères : activité courte, consommation rapide, moins bénéfique pour l’utilisateur. » Le sociologue québécois se demande si « la transformation dans l’univers du camping dont on parle de plus en plus, le glamping, ne serait pas utile pour comprendre ce qui se passe dans celui de la marche pèlerine. » Et de s’interroger : « jusqu’où la marche pèlerine québécoise se glampignise-t-elle, en proposant de vivre des expériences avec de plus en plus de confort et de moins en moins d’effort ?»

Glamping : contraction de glamour et de camping, une sorte de prêt-à-camper de grand confort.

Marcher autrement au Québec
Capture d’écran du site Marcher autrement au Québec https://marcherautrement.com

Pour s’informer sur la marche pèlerine au Québec

Les grands marcheurs québécois

Les sources de cet article

1- Le livre de Michel O’Neill « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré. La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 »
2- L’état de la marche pèlerine au Québec en 2018 (62 pages en PDF)
3- La page Facebook de Michel O’Neill sur les chemins intitulée Le Serein Pèlerin

AVERTISSEMENT

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Copyright Fabienne Bodan & https://pelerinsdecompostelle.com

La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990

Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – Michel O’Neill. Vidéo publiée par les PressesUL le 14.02.2017

De Compostelle aux chemins québécois

Michel O’Neill, professeur en sociologie (retraité) de l’université de Laval, a parcouru deux fois les chemins de Compostelle (en 2003 depuis le Puy-en-Velay et en 2013 depuis Paris). Il a 52 ans en 2003. Il souhaite « se donner un temps d’arrêt et de temps juste à lui…prendre le temps de laisser place à la vie, en marchant au gré de la température et des rencontres pour casser le rythme un peu fou de la vie universitaire ». Se sentant « privilégié dans l’existence », il voulait également « prendre le temps de remercier la vie ».

Après son deuxième retour, il cherche à prolonger les bienfaits de ses expériences européennes en repérant « des chemins québécois » à la Compostelle. Fin 2016, il en dénombre 18. Il publie ses travaux en janvier 2017 aux Presses de l’Université Laval, à Québec sous le titre : « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 ». Continuer la lecture