Après la publication de mes premiers articles sur mon chemin de Compostelle 2012 (Via Podiensis et Camino francés) dans le numéro 148 de la revue Globe-Trotters Magazine de l’association ABM (Aventuriers du bout du monde), j’ai proposé au comité de rédaction de l’association une série de portraits de pèlerins de Compostelle dans le cadre du numéro spécial « Sur les Chemins de… » N°150 de juillet-août 2013.
Père et fils sur le Camino à l’unisson
Ils cheminent à l’unisson. Tantôt l’un, tantôt l’autre ouvre la marche. Ils sont équipés de sacs à dos, capes de pluie, sacs de couchage identiques. Ils ne se quittent jamais, s’adaptent au rythme de l’autre, soutiennent l’exercice physique et moral de l’autre, décident, ensemble, sereinement, de leur étape du lendemain le soir à la veillée. Complices, Richard, 70 ans, et Vincent, 40 ans, père et fils, se sont immergés dans l’aventure compostellane en deux grandes étapes : du Puy-en-Velais à Roncevaux en octobre 2011, de Roncevaux à Santiago de Compostelle en octobre 2012.
Globe-Trotters Magazine : Lequel d’entre vous a eu cette idée ?
Vincent : Moi. Je voulais entreprendre quelque chose. Je le sentais, sans trop savoir quoi, ni pourquoi. J’ai vu un reportage sur Compostelle. Et là, je me suis dit : “c’est ça que je veux faire”.
Richard : Vincent nous a exposé son projet. Il n’avait pas envie de partir seul. Alors ma femme m’a dit : “pourquoi ne partirais-tu pas avec ton fils ?”. Et voilà comment, à mon âge, malgré mes douleurs au dos et aux genoux, je me suis lancé dans cette folle aventure.
Votre complicité est émouvante. Marcher ensemble vous a permis d’aller jusqu’au bout ?
Richard : L’an dernier, mon genou s’est bloqué. Heureusement qu’un soir, dans un gîte, j’ai rencontré un kinésithérapeute qui me l’a remis en place. Je ne pouvais pas arrêter, car Vincent aurait dû faire de même. Je n’avais pas le droit de compromettre son projet. Soit nous parvenions ensemble à destination, soit nous arrêtions tous les deux.
Vincent : L’an dernier, mon père s’est blessé. Cette année, c’est moi, avec cette tendinite qui a bien failli m’empêcher d’arriver à Santiago. A mon tour, je ne pouvais pas renoncer, ni pour moi, ni pour lui. Pas si près du but.
Que retirez-vous de ce voyage ?
Richard, Vincent : Pour nous, il s’agissait d’un défi physique. Une randonnée au long cours pour aller jusqu’au bout de nous-mêmes. En rentrant, nous avons attaqué Roanne-Thiers, une marche de 57 kilomètres dont la première édition a eu lieu en 1925. Le départ a lieu à minuit, il faut arriver avant midi. Avec nos 800 kilomètres du Camino francés, nous étions entraînés !
Propos recueillis par Fabienne Bodan