Après la publication de mes premiers articles sur mon chemin de Compostelle 2012 (Via Podiensis et Camino francés) dans le numéro 148 de la revue Globe-Trotters Magazine de l’association ABM(Aventuriers du bout du monde), j’ai proposé au comité de rédaction de l’association une série de portraits de pèlerins de Compostelle dans le cadre du numéro spécial « Sur les Chemins de… » N°150 de juillet-août 2013.
En grimpant vers Roncevaux
Je vous présente aujourd’hui Jan Van Dongen, pèlerin flamand de son état. J’ai rencontré Jan dans l’ascension du col de Roncevaux, fin août 2012. Après Saint Jean Pied de Port, l’atmosphère devient complètement internationale. Ceux qui arrivent par les chemins français voient tout à coup débouler des centaines de pèlerins venus entamer leur périple à la frontière franco-espagnole, reconnaissables à leurs tenues propres et repassées, et souvent, à leurs sacs à dos surchargés. Ne sachant plus à quelles nationalités j’avais affaire, mais ravie de rencontrer ces nouveaux pèlerins du monde entier, j’ai donc dès le début de l’étape joyeusement salué mes congénères dans les langues de ma connaissance.
Hoe gaat het met jou ?
Lorsque j’ai rencontré Jan, il m’a répondu en anglais, m’expliquant qu’il était flamand. Et alors, très fière de moi, j’ai prononcé comme je pouvais la seule phrase que je connaissais en néerlandais « Hoe gaat het met jou » (déjà là, j’ai du chercher dans plusieurs dictionnaires franco-néerlandais pour trouver comment cela s’écrit !). Et Jan de me répondre : « mais tu sais, nous les flamands de Belgique nous parlons aussi français ». Eh voilà, faites des efforts linguistiques ! Notre belle amitié a commencé comme ça.
Trois petits jours et puis s’en vont !
Nous nous sommes quittés trois jours plus tard à Pampelune. Jan poursuivait son chemin jusqu’à Santiago. Je devais pour ma part interrompre le mien pour une quinzaine de jours. Les séparations sur le chemin sont toujours déchirantes. Je me souviendrai à jamais de l’expression de tristesse et de pèlerins en perdition dans le regard de mes trois compagnons de camino, Jan, Christian et Pascal. Nous nous étions rencontrés 2 ou 3 jours auparavant. Nous devions déjà nous quitter. Je ne me suis pas retournée, de peur qu’ils ne voient mes larmes. J’ai levé le bras, de dos, pour les saluer une dernière fois. Derrière moi, Christophe et Marie-Claire m’accompagnaient dans un silence pesant. Nous devions rentrer tous les trois à Saint Jean Pied de Port. Nous n’avons pas échangé un mot de tout le trajet, et sommes rentrés dans nos auberges respectives sans avoir envie de dîner.
Un duo vers Compostelle
Jan et Christian sont parvenus à destination fin septembre 2012, en provenance respectivement d’Anvers et du Mont Saint Michel. Le jeune Pascal a fait de même quelques jours plus tard, avant de regagner son Québec natal. Christophe et Marie-Claire ont repris le chemin à Pampelune le 9 août 2013, et aux dernières nouvelles, quittaient Léon en espérant boucler leur pèlerinage dans les 30 jours qu’ils s’étaient accordés pour ce faire. Véronique, que nous n’avons pas revue le jour de notre départ, a continué son chemin jusqu’à Burgos.
Je m’aperçois aussi que ce préambule est déjà suffisamment long. Je vous donne donc rendez-vous dès demain pour l’interview de Jan.