Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – Michel O’Neill. Vidéo publiée par les PressesUL le 14.02.2017
De Compostelle aux chemins québécois
Michel O’Neill, professeur en sociologie (retraité) de l’université de Laval, a parcouru deux fois les chemins de Compostelle (en 2003 depuis le Puy-en-Velay et en 2013 depuis Paris). Il a 52 ans en 2003. Il souhaite « se donner un temps d’arrêt et de temps juste à lui…prendre le temps de laisser place à la vie, en marchant au gré de la température et des rencontres pour casser le rythme un peu fou de la vie universitaire ». Se sentant « privilégié dans l’existence », il voulait également « prendre le temps de remercier la vie ».
Après son deuxième retour, il cherche à prolonger les bienfaits de ses expériences européennes en repérant « des chemins québécois » à la Compostelle. Fin 2016, il en dénombre 18. Il publie ses travaux en janvier 2017 aux Presses de l’Université Laval, à Québec sous le titre : « Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré – La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990 ».
Années 1990 : les premiers Québécois vers Compostelle
Dans les années 1990, les premiers Québécois viennent marcher sur les chemins de Compostelle. Mais pour certains, le coût du voyage, le temps nécessaire ou l’éloignement sont rédhibitoires. Alors Pèlerinage Québec 2000 voit le jour, et crée le Chemin des Santuaires, première voie de pèlerinage à pied du Québec. « Aujourd’hui, Rando Québec, la fédération québécoise de la marche, reconnaît la marche pèlerine (dénommés itinéraires à pied inspirés du chemin de Saint-Jacques de Compostelle) comme un type de marche distinct », souligne Nicole Blondeau, rédactrice en chef de de la revue Rando Québec.
Une des dix destinations émergentes pour le tourisme religieux
Il commence par rappeler « que la notion de pèlerinage (du latin peregrinus, étranger) repose sur trois éléments : une personne en déplacement vers un lieu sacré ». On le retrouve dans toutes les religions, et « le voyage peut être accompli vers un sanctuaire dans une démarche non religieuse ». En 2016, la fréquentation des cinq grands lieux québécois de pèlerinage catholique demeure phénoménale. Sur le plan international, le Québec serait l’une des dix destinations émergentes pour le tourisme religieux. L’auteur note la tendance mondiale selon laquelle « la proportion des gens qui font du tourisme religieux pour des raisons sociologiques ou culturelles, plutôt que par dévotion, augmente sensiblement ».
Des chemins québécois dans la lignée de Compostelle
Si « le pèlerinage de longue durée à pied demeure marginal au Québec, les personnes arrivant à pied après plusieurs jours de marche reçoivent depuis le début des années 2000 un accueil très visible dans certains sanctuaires québécois ». Après moult consultations auprès des associations de randonnée, des pèlerins, des associations jacquaires, Michel O’Neill définit un chemin de marche pèlerine comme «un parcours bien identifié qui s’inscrit dans la lignée de la pérégrination moderne vers Compostelle, offrant la possibilité à des personnes de développer une forme d’intériorité réflexive en marchant plusieurs jours à travers des lieux se situant davantage en milieu habité qu’en nature sauvage ». Chacun confère à sa marche le sens qui lui convient.
Interview de Denis Leblanc « Journal d’un pèlerin moderne »
Ajoutée le 2.11.2016 par PressesUL
Les pionniers québécois de Compostelle
Au printemps 1995, Denis Leblanc quitte Paris pour atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle 64 jours plus tard. De son côté, Michel Dongois entame son pèlerinage au Puy-en-Velay. Il le terminera trois ans plus tard sur la place de l’Obradoiro. Tous deux ont largement contribué à faire connaître les chemins de Compostelle au Québec, et mettront sur pied le Chemin des Sanctuaires dans leur pays. Lise Montpetit part à son tour avec son époux en 1998. Elle deviendra rapidement présidente de Pèlerinage Québec 2000 et contribue au démarrage de l’AQPAC, association d’aide aux pèlerins plus connue sous le nom « Du Québec à Compostelle », en 2000. S’il est toujours difficile d’évaluer le nombre exact de pèlerins sur les chemins, l’auteur avance une fourchette de « 35000 à 50000 » Québécois ayant arpenté les routes de Compostelle depuis les années 1990.
18 chemins québécois de marche pèlerine
Au retour de leurs pérégrinations vers Compostelle, des pèlerins québécois ont créé des itinéraires dans leur pays. Le premier d’entre eux, le Chemin des Sanctuaires, relie Montréal à Saint-Anne-de-Beaupré. Il fut inauguré en 1999. Les Sentiers entre vents et marées, dernier de la liste, fut ouvert en 2017. Pour Michel O’Neill, ces chemins doivent posséder trois caractéristiques : « 1/ s’inscrire dans la mouvance des chemins de Compostelle ; 2/ être de longue durée (au moins 2 nuitées) ; 3/ circuler en zones habitées plutôt qu’en milieu sauvage ».
Le plus court fait 67 kilomètres (pèlerinage Saint-Antoine), le plus long, 1870 ( la Voie du Saint-Laurent). On compte 8 chemins de moins de 200 km, 7 entre 200 et 800 km et 3 de plus de 800 km. Cependant, il existe une différence fondamentale entre les chemins européens et les chemins québécois. Si, sur le Vieux Continent, les marcheurs peuvent organiser librement leur périple, de l’autre côté de l’Atlantique, ils doivent s’inscrire pour participer à une marche où « beaucoup de choses sont prédéterminées ».
Des chemins encadrés
En effet, 13 des 18 chemins requièrent une inscription et ne peuvent être effectués que dans un cadre assez figé. Les chemins des Sanctuaires, des Outaouais et des Navigateurs sont ouverts de 15 à 25 jours par an en mai ou juin : « 4 ou 6 personnes quittent quotidiennement un sanctuaire de départ et marchent entre 12 et 21 étapes pré-déterminées. Le coucher est prévu dans un lieu précis (à faible coût) et l’accueil est assuré par des bénévoles. Un carnet du pèlerin est fourni ainsi qu’un diplôme du pèlerin à la fin du parcours ».
Mais, pour 7 autres chemins, la formule est différente. Une fois par an (entre juin et septembre), un nombre de personnes déterminé à l’avance effectuent ensemble un trajet précis, comportant de 3 à 32 étapes. Des membres de l’organisation les accompagnent. Elles dorment dans des hébergements publics, religieux ou privés, réservés à l’avance. Les itinéraires ne sont pas balisés.
Le Pèlerinage Terre et mer Gaspésie-Les îles fonctionne sur un modèle totalement différent, bien que sur inscription. 175 participants au maximum. Chacun se charge de trouver un hébergement dans une localité désignée à l’avance. Pendant une semaine, début juillet, le groupe est acheminé chaque jour au point de départ de l’étape, et reconduit à son hébergement le soir. La Marche d’Alphonse est ouverte de mai à octobre. Les candidats peuvent effectuer un parcours en boucle, suivant un itinéraire non balisé. Le Chemin de Saint-Rémi est plus long : 825 km à parcourir partiellement ou totalement. À terme, il devrait être ouvert toute l’année.
Cinq chemins en toute liberté
Le chemin de Kapatakan, la Voie du Saint-Laurent, le Mégantic, le chemin de Saint-Jacques (ou Compostelle des Appalaches) et le Sentier des Vents et Marées s’identifient plus aux chemins de Compostelle. Les itinéraires varient de 73 à 1870 kilomètres. Il est possible de camper sur ces chemins. Deux d’entre eux peuvent être parcourus à vélo (Voie du Saint-Laurent et Chemin de Saint-Jacques). L’entreprise Bottes et Vélo propose des guides sur différents chemins.
Une fréquentation aux deux tiers féminine
Plus de 10000 personnes ont marché sur les chemins québécois de marche pèlerine depuis leur ouverture en 1999. Un chiffre à comparer avec les 35 à 50 000 Québécois venus sur les chemins de Compostelle pendant la même période. Le portrait-type ? « La femme dans la soixantaine, provenant du Québec, habitant souvent la région d’où part le parcours ». Les femmes représentent les deux tiers des marcheurs. Et l’on constate le même récidivisme que sur les chemins de Compostelle.
Pour s’informer sur la marche pèlerine au Québec
- Le livre de Michel O’Neill propose une fiche très complète pour chacun des 18 chemins traités dans son ouvrage
- Extrait du livre proposé par l’éditeur : La marche pèlerine québécoise dans les années 1990 – Extrait
- Site web et page Facebook de Marcher Autrement
- Site de Rando Québec : répertoire en ligne actualisé des sentiers québécois de randonnée et de raquette (Balise Québec)
- Pèlerinage Québec 2000
- Du Québec à Compostelle
- Mon article sur les acteurs Québécois des chemins
- Bottes et Vélo
Onze ans de marche: un Québecois achève son tour du monde à pied
Ajoutée le 27.09.2011 par AFP
Les grands marcheurs québécois
- Stanley Vollant et son projet Innu Meshkenu, a relié à pied toutes les nations autochtones du Québec sur 6000 kilomètres, de 2010 à 2017 → DECOUVRIR LE DOCUMENTAIRE « DE COMPOSTELLE À KUUIJUAQ » ICI et LIRE LE PORTRAIT DE STANLEY VOLLANT LÀ
- Jean Beliveau a parcouru de 2000 à 2011 plus de 75000 kilomètres à pied dans 64 pays
- Sarah Jackson : 11500 km sur le Trans-Canada Trail → LIRE MON ARTICLE ICI
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