Cadeau du jour. Voici en exclusivité l’introduction de ce guide des chemins de pèlerinage du monde inédit de 480 pages et 800 chemins du monde. Pour découvrir ce qui a motivé Fabienne Bodan à se lancer dans ce projet titanesque après avoir parcouru 4000 km sur les chemins de Compostelle, en France, en Espagne et au Portugal. Pour vous procurer cet ouvrage et, si le coeur vous en dit, recevoir un exemplaire dédicacé par l’auteure, rendez-vous sur le site dédié à cet ouvrage. Bonne lecture. Et bienvenue dans mon univers.
5 mai 2012, le début d’une aventure exceptionnelle
5 mai 2012. 7h du matin. Pour une raison que j’ignore, je me tiens là, debout, inquiète, presque tremblante, face à la Vierge Noire de la cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay. Nous sommes une centaine à assister à la bénédiction des pèlerins prodiguée par Mgr Brincard, feu évêque de la capitale du Velay. Il nous parle d’humanité, de fraternité. Il nous interroge un à un sur nos nationalités, glissant une parole attentionnée à chacun dans sa langue maternelle. Devant la statue de Saint-Jacques, il nous invite à sélectionner dans une petite boîte un morceau de papier soigneusement replié. Sur chacun d’entre eux, une missive personnelle déposée par les visiteurs à l’attention des pèlerins de Compostelle.
À chacun son petit papier
Sur le mien, couleur jaune citron, ces quelques mots : « pour Jean-Baptiste, adolescent très difficile ». Chacun d’entre nous portera, dans son cœur et ses pensées, jusqu’à son tombeau de Saint-Jacques-de-Compostelle, les requêtes de ces inconnus implorant l’aide de l’apôtre. C’est là notre premier enseignement : nous marcherons pour nous-mêmes, bien sûr, en quête de notre réalité intérieure, de réponses aux questions essentielles de nos vies, de réconfort, parfois, suite à un deuil, une séparation, un accident de l’existence. Mais nous cheminerons aussi pour les autres, pour ces marcheurs du monde entier dont nous croiserons la route, pour nos familles et nos amis qui ont besoin de soutien, et pour tous les êtres, qui, à l’instar du jeune Jean-Baptiste, souffrent des aléas de la vie.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là
Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là. Baptisée et élevée dans la tradition catholique, je me suis rapprochée au fil des ans de la philosophie bouddhiste. Mais surtout, j’ai toujours aimé voyager, m’ouvrir aux diverses cultures et croyances. Mes rêves d’adolescente m’ont propulsée vers les cinq continents. Comme beaucoup, je cherche à saisir le sens de l’existence, aidée en cela par une maladie qui, à 35 ans, a changé ma vie et m’a convaincue de la nécessité de la quête de l’essentiel. Alors je m’attache à rencontrer l’autre dans sa différence, observer, tenter de décrypter et, parfois même, participer aux rituels religieux, spirituels ou animistes aux quatre coins de la planète.
De l’Histoire des lieux à celle des Dieux
Lorsque je sillonne la France ou m’envole à la découverte des merveilles de notre belle Terre, je m’offre des pauses dans tous les lieux sacrés, ceux des religions actuelles comme ceux des anciennes civilisations. Je ferme les yeux. J’essaie de ressentir la majesté du lieu. Je tente d’en recueillir une infime partie des enseignements secrets disséminés çà et là par leurs bâtisseurs érudits. J’écoute les bruissements des prières des croyants, les émerveillements des touristes face aux génies des architectes, des sculpteurs, des peintres. Je suis attentive aux silences, comme aux manifestations de l’invisible. Je m’imprègne de l’Histoire des lieux, de ceux qui les ont fondés ou les ont fréquentés, mais aussi de l’Histoire des Dieux et de leur relation avec les hommes, dont l’empreinte a façonné le sacré au fil des âges.
Suivre son intuition
Comme à mon habitude, j’ai tout simplement écouté mon intuition. Après avoir frôlé la mort il y a une quinzaine d’années, j’ai admis que mon âme sait ce qui est juste pour moi, et à quel moment je dois réaliser un projet. Je ne suis ni randonneuse, ni pèlerine, et je m’interroge sur ma capacité à parcourir 1500 kilomètres à pied jusqu’à la capitale de la Galice, sur un chemin de pèlerinage millénaire chrétien. Ce matin, j’ai failli renoncer à entamer ce périple sous la pluie battante. Je me suis vite ravisée. Il me faudra bien affronter toutes les affres d’une météo capricieuse avant d’atteindre le champ des étoiles. Je suis venue tester ma capacité physique et morale à mener ce projet à son terme. Pendant une dizaine de jours. Je m’accorde le droit d’abandonner, si mon corps et mon esprit refusent l’expérience.
De Saint-Michel à Saint-Jacques
Je vais donc marcher de Saint-Michel, dont le rocher du Velay est aligné avec sept autres sanctuaires hauts perchés lui rendant hommage, vers Saint-Jacques, dont l’esprit règne sur les terres galiciennes. À la fin de la bénédiction, l’évêque du Puy-en-Velay nous remet une petite médaille à l’effigie de la Vierge Noire de son temple, et nous invite à collecter notre premier tampon sur notre credencial. Dès cet instant, nous ne sommes déjà plus tout à fait des randonneurs. Nous sommes tous arrivés jusqu’ici des quatre coins de la planète, seuls ou à plusieurs, avec nos croyances, nos joies et nos peines, nos motivations, nos conditions physiques, nos forces morales et nos émotions à fleur de peau. Nous sommes tous différents, mais, avec ce tampon, le chemin nous unit déjà.
Un caractère universel de fraternité
Balivernes ? Croyant ou non, pratiquant ou non, cette simple bénédiction dans ce lieu sacré et le caractère universel de fraternité qui s’en dégage ont commencé leur œuvre de transformation subtile de l’être. Je savoure longuement ces instants précieux. D’autres se sont empressés de se mettre en marche. Je suis venue seule. Par choix. Mon intuition m’avait soufflé d’entamer mon parcours jacquaire au Puy-en-Velay. Traditionnellement, les pèlerins médiévaux partaient de chez eux, et, quand ils n’étaient pas morts en route, effectuaient également à pied le chemin du retour vers leur domicile. Comme eux, j’aurais pu commencer mon périple vers la Galice de chez moi, en Bretagne. Les bénévoles des associations jacquaires françaises, comme de toute l’Europe, travaillent formidablement à la réhabilitation des chemins historiques, à leur entretien, à leur documentation et à l’information des candidats au départ. Plus de 80 000 kilomètres de sentiers de Saint-Jacques traversent l’Europe.
Un nouveau tournant dans mon existence
Je vous conte les prémices de mon premier périple vers Saint-Jacques-de-Compostelle parce qu’il a marqué un nouveau tournant dans mon existence. Aussi curieux que cela puisse paraître, et souvent incompréhensible pour celui qui n’a pas vécu cette expérience, les chemins jacquaires sont empreints d’une magie indescriptible. À votre corps défendant parfois, vous entrez dans la peau d’un pèlerin dès vos premiers pas. Les valeurs de fraternité, de solidarité, d’authenticité, de retour vers l’essentiel se réactivent dans vos esprits, un peu ternies par l’individualisme forcené de nos sociétés contemporaines. Le chemin invite au dépouillement. Progressivement, on ne conserve que l’essentiel, ne serait-ce que dans son sac à dos souvent surchargé d’effets indésirables pour la bonne santé de notre colonne vertébrale. Il est de coutume de dire que l’on porte dans son dos le poids de ses peurs.
Alléger son sac et se débarrasser de ses peurs
Alléger son sac revient donc à se débarrasser progressivement de ses peurs, et accepter de s’exposer à nu, face au regard des autres. Sur le chemin, il n’y a plus aucune différence entre l’ouvrier et le ministre, le professeur et le boulanger, le médecin et l’aide-soignante. D’ailleurs, nous nous contentons de l’instant présent. Peu importe la vie d’avant et celle d’après. Nous n’apprenons de l’autre que ce qu’il veut bien dévoiler dans le contexte de ce périple.
Ce n’est souvent que longtemps après, lorsque chacun est rentré chez soi, ou lorsque les liens incroyablement tenaces tissés sur le chemin engendrent de nouvelles rencontres ou de nouvelles aventures, que nous apprenons les réalités de chacun dans l’autre-monde. Ou plutôt, ce qui en constitue l’apparence. Ce vernis qui véhicule une image erronée au monde extérieur. Sur le chemin, cette couche superficielle s’est craquelée dès les premiers jours, pour ne laisser apparaître que la profondeur de l’être, ses aspirations véritables, ses blessures et son authenticité.
Mes 50 ans au Cebreiro
Je suis arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle au bout de 68 jours. J’ai assisté avec beaucoup d’émotion, entourée de mes amis du monde entier, à la messe des pèlerins à l’arrivée. Nous sommes tous tombés dans les bras les uns des autres, pleurant et riant à la fois, encore incrédules face à cette incroyable expérience humaine et spirituelle. Trois jours plus tard, j’admirais, en larmes, le soleil se coucher à Finisterrae, la fin des terres galiciennes. J’ai eu la joie de fêter mes cinquante ans au sommet du mythique O Cebreiro. Des pèlerins des quatre coins de la planète m’ont souhaité mon anniversaire en chantant à tue-tête dans toutes les langues.
Parce que vous avez ouvert vos cœurs
Je me souviens de chaque village, de chaque fleur, de chaque animal, mais surtout de chaque instant précieux partagé avec tous ces pèlerins, ces hospitaliers, ces accueillants, ces hébergeurs, ces prêtres et ces nonnes, ces laïcs qui nous ont facilité l’aventure. Je me souviens du message du prêtre à notre arrivée dans la cathédrale galicienne : « savez-vous pourquoi vous avez été heureux sur ce chemin ? Parce que vous avez ouvert vos cœurs… ». Comme tant d’autres, l’expérience m’a transformée, m’a permis de pardonner à ceux qui m’avaient offensée, m’a redonné de la force. Depuis, je suis repartie, à quatre reprises. De Lisbonne, de Séville, de Madrid, de Ponferrada, de Ferrol. Au total, 4000 kilomètres sur les sentiers jacquaires de France, d’Espagne et du Portugal.
Le retour des pèlerins
Journaliste spécialisée dans les technologies de l’information avant de me tourner vers l’étude des causes des maux et des maladies, j’ai créé en 2015 un site internet dédié aux chemins de Compostelle en particulier, et de pèlerinage en général. Dans le cadre de la revue de presse internationale confectionnée chaque semaine pour ce site, j’ai découvert l’extraordinaire réseau d’associations jacquaires dans le monde entier, du Brésil à la Corée, du Canada à l’Afrique du Sud. Mieux, les « pèlerins », une fois rentrés chez eux, souhaitent retrouver l’atmosphère si exceptionnelle de leurs chemins de Compostelle. Alors, ils se sont retroussé les manches et, à leur tour, ont conçu de nouveaux itinéraires, vers leurs sites sacrés ou sur les traces de personnages qui ont marqué leur pays par leur spiritualité et leur altruisme.
1000 itinéraires de pèlerinage sur les cinq continents
Fidèle à mon désir d’ouverture à toutes les cultures, j’ai entrepris des recherches dans le monde entier pour prendre le pouls du phénomène. Si ce livre n’a aucune prétention à l’exhaustivité, il vous expose le résultat de cette enquête. Il recense près de 1000 itinéraires de pèlerinage sur les cinq continents. Certes, l’Europe est majoritairement représentée, eu égard à son histoire religieuse et à ses pèlerinages médiévaux populaires vers les sanctuaires de Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle, le Mont-Saint-Michel, Santo Toribio de Liébana, Caravaca de la Cruz, Fatima, Mariazell, Altötting, Czestochowa, Einsiedeln, Marija Bistrica ou Máriapócs. La Terre Sainte n’est pas en reste.
Une ouverture aux anciennes civilisations
Mais il m’a semblé capital de dépasser les religions modernes en intégrant également les anciens itinéraires de pèlerinage vers les sites sacrés des civilisations antiques. Dans cet ouvrage, Stonehenge, Glastonbury, Avebury, Tintagel (Royaume-Uni), la Ciudad Perdida (Colombie), le Machu Picchu (Pérou), le Quapaq Ñan (Amérique du Sud), El Mirador (Guatemala) côtoient les sanctuaires catholiques, protestants, soufis, bouddhistes, hindouistes, jaïnistes, dans un esprit universel d’ouverture au sacré sous toutes ses formes.
De saint François d’Assise à Mary Mac Killop
Ce livre s’adresse à tous ceux qui chercheront à emboîter le pas aux millions d’individus qui ont arpenté les chemins de pèlerinage traditionnels au fil des siècles, à marcher sur les traces des êtres spirituels, qui, de saint François d’Assise à Mary Mac Killop, du cura Brochero à saint Antoine de Padoue, de sainte Thérèse d’Avila à sainte Rose Philippine Duchesne, de Rûmî-Mevlana à Kōbō-Daishi,ont tant inspiré et contribué au bien-être d’autrui.
Les enseignements subtils des lieux sacrés
Mais cet ouvrage vous invite également à écouter les enseignements subtils des lieux sacrés, et des itinéraires qui y conduisent, lentement, au rythme de la marche, des pas d’un cheval ou des tours de roue d’une bicyclette. Fidèle à mes convictions, je remets entre vos mains, dans un souci d’universalité et de respect mutuel de l’autre, quelles que soient ses croyances, un livre éclectique, ouvert sur le monde, ses trésors spirituels, la beauté de ses chemins, la grandeur des hommes qui les ont construits, la fraternité et la solidarité. Puissiez-vous recevoir à votre tour les cadeaux quotidiens dont ces chemins nous gratifient tous. Ultréia.
Vous souhaitez vous lancer dans l’aventure des chemins de Compostelle ou des chemins vers le Sacré dans le monde ? Avez-vous déjà expérimenté les chemins de pèlerinage et cherchez des idées pour le prochain ? Dans ce guide INÉDIT, vous découvrirez toute la richesse de ces itinéraires aux 4 coins de la planète. Rendez-vous chez votre libraire ou sur le site Chemins vers le Sacré.