Camino del Invierno, étape 1 : une alternative heureuse au francés
La vie ne serait-elle qu’ironie ? Il est un chemin dénommé « Camino del Invierno », le chemin de l’hiver, emprunté traditionnellement par les pèlerins en lieu et place du Camino Francés à partir de Ponferrada, afin d’éviter l’enneigement de l’itinéraire menant à O Cebreiro pendant les mois hivernaux ou les débordements des rivières.
Ironie parce que j’entame ce nouveau chemin ce 26 juin, juste après le solstice d’été, en cette période où le jour est deux fois plus long que la nuit sous nos latitudes.
Refroidie par les fraîches températures du mois d’avril sur le Camino de Madrid, j’ai pour des raisons que vous découvrirez dans les prochains jours opté pour cet itinéraire bis au très fréquenté Camino Francés en ce début d’été.
Camino del Invierno, étape 1 : un départ en douceur
Oh, je n’ai pas beaucoup progressé pour cette première demi-journée. Arrivée en train ce midi depuis Saint-Jacques de Compostelle, j’avais ambitionné de parcourir la vingtaine de kilomètres séparant Ponferrada (et plus spécifiquement le pont de Boeza, légèrement en contrebas de l’albergue municipal de peregrinos) du village de Borrenes.
Camino del Invierno, étape 1 : un chemin templier…
Il me fallut le temps de trouver le chemin vers le centre historique en sortant de la gare, de m’approvisionner (car le dimanche après-midi, tout est souvent fermé), de me mettre en quête d’une crédentiale. Je me mis en route seulement à 13h30, sous une chaleur encore acceptable (27 degrés).
Camino del Invierno, étape 1 : une alternative à la foule du Camino francés
Quelques centaines de mètres plus tard, un Espagnol me demanda si je ne m’étais pas trompée de chemin ? Alors que le Camino Francés est surpeuplé, peu de pèlerins empruntent les chemins alternatifs. Et pourtant. J’ai fait le choix, comme à mon habitude, de partir seule, sur un chemin très peu fréquenté.
Dès cette première journée, l’on m’a mise en garde « andas sola ? No tienes compañeros ? No tienes miedo ? » (tu marches seule ? Tu n’as pas de compagnons de route ? Tu n’as pas peur ?). Eh bien non. J’ai une seule limite que je n’ai pas pu dépasser jusqu’à présent. Dormir seule dans la nature. Certaines femmes le font, comme Sylvie de Radio Camino. Je m’incline devant ce qui pour moi demande un courage que je n’ai pas, ou pas encore. Et pourtant, je considère ces chemins comme une expérience de liberté absolue, et dormir où bon vous semble accentuerait encore cette notion de liberté, vous affranchissant des contraintes imposées par la localisation des hébergements. La vie me conduira peut-être à surmonter mes appréhensions de manière à pouvoir expérimenter les nuits à la belle étoile en solo.
Camino del Invierno, étape 1 : cerisiers à gogo !
Encore une fois, mes plans initiaux sont tombés à l’eau. Après avoir traversé des champs de cerisiers, et prélevé quelques poignées au passage, aperçu les premiers châtaigniers et ceps de vigne, gravi les premiers raidillons, et éprouvé le poids de mon sac, lesté d’un matériel photo plus conséquent que d’habitude pour cause de participation dans quelques jours à une fête un peu particulière et véritable raison de ce nouveau séjour espagnol, je m’accorde une pause à l’ombre au bout d’une dizaine de kilomètres, dans le village de Priaranza del Bierzo.
Camino del Invierno, étape 1 : l’hospitalité d’un chemin peu fréquenté
J’en profite pour téléphoner à l’albergue privado de Borrenes. Sur un chemin récemment balisé qui manque pour l’instant d’infrastructures, je préfère m’assurer de l’existence d’un hébergement à tarif raisonnable. L’on me propose une chambre à 40 euros. Je rétorque qu’il ne s’agit pas là d’un tarif d’une auberge pour les pèlerins. Rien n’y fait. Je raccroche, renonçant à ma réservation. Un monsieur en mobylette s’arrête alors à ma hauteur, me propose d’aller cueillir des cerises au fond de son jardin. Au début, j’ai cherché des fraises, parce que j’avais compris fresas et non cerezas. Son épouse le rejoint. Elle a compté 7 pèlerins au total la semaine précédente, et un homme et sa fille la veille : « ils passent devant ma maison ». Je leur demande s’ils connaissent des hébergements à tarifs raisonnables dans les villages suivants ? Une auberge est en construction à Villavieja. Ils me suggèrent de m’adresser au bar social « La Estrategia del Caracol », dans le village de Santalla del Bierzo, en prenant bien soin de me décrire l’itinéraire pour y arriver. Ils me proposent de l’eau. Je les remercie chaleureusement et je prends congé.
Camino del Invierno, étape 1 : tout un village au service du pèlerin !
A Santalla, je suis leurs conseils et me rends à l’endroit indiqué. Une jeune femme écoute ma demande avec attention, me confirme qu’il n’existe pas encore d’auberges dans les villages environnants, et pense immédiatement à une dame du village qui loue des chambres. « Elle est charmante, cela devrait te plaire ». Elle ne peut pas quitter son bar, et demande à l’un de ses clients de bien vouloir m’accompagner chez la dame en question.
Il s’exécute avec spontanéité. Frappe à la porte de la maison jaune, sans succès. Fait le tour de la maison, réitère son geste à une autre porte. Personne. « C’est l’heure de la sieste », me dit-il. « Tu peux attendre ici ou au bar et retenter ta chance un peu plus tard ». J’hésite. Il est déjà 18h30. Le prochain village est à 8 kilomètres. 2 heures de marche ou plus, pour cause du dénivelé. Si je patiente trop longtemps et que finalement il n’y a pas de chambres pour moi, je risque de me retrouver dans la nature à une heure trop avancée. Je remonte au bar. La sœur de la jeune femme qui m’a accueillie tout à l’heure possède le numéro de téléphone de mon hôte potentielle.
Camino del Invierno, étape 1 : prendre le temps d’une halte à Santalla del Bierzo
Elle l’appelle. Guti, la propriétaire de la maison est en vacances, et fort marrie de ne pouvoir m’accueillir, mais elle ne voit aucun inconvénient à ce que Lydia, la jeune femme du bar, me… confie les clés et m’installe dans sa maison. Je suis touchée de cette marque de confiance envers une inconnue. Lydia me fait visiter la maison, me désigne les fruits et les œufs à ma disposition, me donne la consigne de ne pas laisser rentrer la chatte dans la maison, ou du moins de veiller à ce qu’elle soit sortie à mon départ, et répond favorablement à ma demande de dîner. « Une ratatouille niçoise et une omelette, ça te va ? ». Un peu plus tard, la voisine vient sortir le chien de mon hôte, et m’invite à frapper à sa porte si j’ai besoin de quoi que ce soit. J’ai l’impression que tout ce village se plie en quatre pour me faciliter la vie. Mon étape est écourtée, mais je bénéficie d’un tel accueil que je ne regrette rien. Je marcherai un peu plus que prévu demain.
⇒ VOIR la fiche détaillée sur la chambre d’hôtes chez Guti, à Santalla del Bierzo
→ VOIR Etape 2, de Santalla del Bierzo à Las Medulas
Copyright Fabienne Bodan & https://pelerinsdecompostelle.com
Bonjour,
`Bravo pour ce début.
Continuez 🙂
De belles photos originales et un parcours méconnu.
J’aime bien la photo et aussi les partager, quand on parle du chemin.
Serge M
stjacques072007.skyblog.com
Merci Serge. Je suis en train de préparer toutes les étapes (je suis rendue à la 7e). J’en publierai une par semaine. Il me reste à terminer aussi les vidéos du Camino de Madrid. Mais chaque chose en son temps ! A bientôt, Fabienne
Bonjour
cette année je projette de partir du delta del Ebro(Camino del Ebro)pour rejoindre Logrono puis Vitoria et le « camino 0lvidado
Celui-ci s achève à Villafranca del Bierzo;;
De là,comment puis-je rejoindre le camino del Invierno(je n ai pas du tout l ‘envie de continuer par le Frances!(je serai sans doute fortement »désocialisé »!! (rire) ; donc marche arrière etre retour obligatoire à Ponferrada ou j ‘aurai droit à mon « bain de foule »??? Y a t il la possibilité de rejoindre l’Invierno en partant de Villafranca???
bien cordialement
Hervé
Bonjour Hervé. Je suis désolée, je ne sais pas répondre à votre question. Sur mon site vous avez la liste des étapes du camino del Invierno, si ça peut vous aider. Si vous trouvez la réponse, merci de venir la partager ici, cela peut toujours aider d’autres pèlerins. Cordialement, Fabienne
Bonjour Fabienne
Merci pour votre réponse;votre expérience me sera précieuse sur ce chemin; pour le reste, je me débrouillerai bien! l ‘Espagne n est pas un désert!;j ai d ailleurs le mème problème au final du camino del Ebro ,à Logrono , pour rejoindre Vitoria su l Olvidado! Vaste programme cette année!
Cordialement
Hervé
Bons préparatifs, et n’hésitez pas à venir partager les solutions que vous aurez trouvées. Amitiés jacquaires, Fabienne