De voyageuse à pèlerine de Compostelle : la genèse d’un déclic
Grande voyageuse devant l’éternel, photographe passionnée, apprentie vidéaste et pratiquant avec délectation toutes les formes de communication de l’écrit au multimédia, une petite voix me susurrait à l’oreille depuis une dizaine d’années de cheminer vers Saint Jacques de Compostelle. ll est vrai que ma vie avait été complètement chamboulée par ce que d’aucuns désignent à voix basse et arborant la mine terne et larmoyante de circonstance comme une longue maladie dans les chroniques funéraires. Le paradis et l’enfer m’avaient reléguée au rang des exclus, Saint-Pierre me renvoyant manu militari à ma mission de vie terrestre. Il m’avait secouée comme les pommiers de l’Eden dont il était le gardien pour me faire assimiler que je m’étais quelque peu égarée en chemin.
De voyageuse à pèlerine de Compostelle : la force d’une petite voix
Adepte des travaux pratiques et de l’expérimentation permanente, et parfois humiliante pour un ego peu enclin à recevoir des ordres d’une conscience supérieure, le chef du paradis m’enjoignit de régler mon canal de fréquences et de décoder celle de Radio Céleste. Du moins d’identifier les ondes radio personnelles et bienveillantes sur lesquelles émettait mon être intérieur, mon âme, ma conscience supérieure, ma petite voix. En un mot, de cette intelligence invisible qui s’époumone à chaque instant afin de nous livrer ses suggestions, réflexions, explications, indications, recommandations. Cette petite voix qui dépose subrepticement intuitions et réponses que l’on jugera évidentes, quoique souvent tardives par incapacité à décrypter le dialecte de notre maître intérieur.
De voyageuse à pèlerine de Compostelle : les larmes des premiers instants
Le 5 mai 2012, à 7 heures du matin, je recevais, avec une centaine de mes coreligionnaires compostellans, la bénédiction octroyée aux pèlerins par feu Monseigneur Brincard, évêque du Puy-en-Velay de 1988 à 2014, et chargé de la coordination pastorale sur les chemins de Saint-Jacques en France et en Espagne. Aux antipodes des grenouilles de bénitier, j’écoutais, émue aux larmes, le représentant de l’église catholique dispenser des conseils de solidarité et de fraternité à l’assemblée hétéroclite de futurs pèlerins. Son discours ne transpirait pas les dogmes de la religion qui l’animait. Il nous entretint d’Humanité, avec un grand H, celle dont les moutons dociles, droits dans leurs bottes et déconnectés de leur âme que nous devenons peu à peu, finissent par oublier la noblesse et la sagesse. Nous étions français, brésiliens, belges, américains, coréens, espagnols, italiens, canadiens, argentins, allemands, hongrois, danois, catholiques, protestants, musulmans, bouddhistes, athées, agnostiques, juifs, ingénieurs, pharmaciens, médecins, enseignants, ouvriers, agriculteurs, sans emploi, étudiants. Qu’importait. A cet instant nous devenions tous des frères et des soeurs du Camino, et unissions nos pas vers un seul but : atteindre le plus sauf possible l’ultime destination. Ultréia. Saint-Jacques nous appelait.
De voyageuse à pèlerine de Compostelle : 50 ans au Cebreiro
Pétrie de doutes quant à ma capacité physique à atteindre la dernière demeure de l’apôtre, je fus la dernière à faire tamponner ma crédenciale à la sacristie de la cathédrale Notre Dame du Puy. La dernière ? Pas tout à fait. Je fis alors la connaissance de Marie, tout aussi circonspecte que moi quant au succès de son aventure. La Lilloise devint ma première amie du chemin. De mes chemins. J’atteignis la galicienne Santiago de Compostela le 22 octobre 2012, quelques jours après avoir fêté mes 50 ans au sommet du mythique Cebreiro, et après quatre tronçons de pérégrinations entrecoupés de séjours express dans ma Bretagne de coeur et d’esprit. Je n’en restai pas là, me lançant le 20 avril 2013 sur la voie portugaise, de Lisbonne à Santiago. Compostelle du Sud au Nord, après une première expérience d’Est en Ouest. Je m’interrogeais en cheminant sur la Via Podiensis sur ces pèlerins valeureux et téméraires qui repartaient encore et encore sur les voies compostellanes. Eux ne semblaient jamais rassasiés, tandis que j’implorais l’univers de me créditer de la force de terminer un chemin que je pensais unique. Je ne m’étonne plus de rien. Saint-Jacques s’est associé à Saint-Pierre et Saint-Roch, patron des pèlerins et protecteurs des animaux, pour m’enrôler dans le bataillon des pèlerins insatiables.
De voyageuse à pèlerine de Compostelle : et l’on repart sans savoir pourquoi
Je suis loin d’avoir percé tous les mystères des voies compostellanes. Prochaine pérégrination : la Via de la Plata. Arrivée à Saint Jacques le samedi de la Pentecôte 2013, je repars de Séville le samedi de Pâques 2015. Lorsque l’on écoute sa voix intérieure, le coeur a ses raisons que la raison ignore…jusqu’au choix des dates. Je ne sais quelles surprises me réservent les farfadets de Radio Céleste sur ce troisième camino, mais je sens d’ores-et-déjà qu’elles se révèleront, comme toutes les précédentes, sublimes et savoureuses.
bravo Fabienne. En route !
Merci de m’avoir accepter sur votre cite.esperant votre aide pour le pelerinage de porto a st jacque.
Bonjour Fabienne,
Je collectionne, moi aussi. Chaque nouvelle année nous émet un appel du chemin. Mais, nous, on doit traverser l’Atlantique. Ce qu’on fera encore cette année en enlignant trois caminos: le chemin de Madrid (Madrid -Sahagun), le camino San Salvador (Leon-Oviedo) le Del Norte (de Gijon à Santiago). Pour celui de Madrid, nous mettrons nos pas dans les tiens. Sur les deux autres, tu seras dans nos pensées à moins que tu nous accompagnes…
À bientôt, une complice du chemin, Rachel
Bonjour Rachel. Je réponds dès que possible à tes mails. Bons préparatifs de ces futurs chemins. Cela nous rappellera de très bons souvenirs 🙂 Je vous embrasse tous les deux, Fabienne
Bonjour Fabienne! Sympathique récit! Oui le Chemin devient une véritable addiction
Je prévois de partir début avril sur la Via de la Plata. Il me plairait de recueillir votre témoignage. Mes récits sont dans le dossier Compostelle de la rubrique tourisme de mon site habiter-autrement.org. Je vais essayer d’ici de mettre au point une sorte de béquille à roulette pour alléger le sac un peu comme ce que j’ai trouvé sur le Net mais sans les détails: http://www.youtube.com/watch?v=UuTBqUy-Gxw
suggestions sont les bienvenues
Roland
bonjour Fabienne,
merci pour ce site, merci pour ce que vous faîtes, merci pour vos récits, ça nous fait du bien.
Je suis parti l’année dernière près de Strasbourg de notre maison, pour un petit tronçon de 6 jours à titre d’essai jusqu’au sud de Colmar. Cette année, j’ai continué de ce point jusque dans le Jura pendant 10 jours. Il me reste presque 2000 kilomètres mais c’est avant tout un pélerinage intérieur et je me donne le temps car je travaille et j’ai une famille avec qui je pars quand même en vacances. J’en profite pour saluer tous les lecteurs de votre site Fabienne, je me sens partie d’une communauté des pélerins de Saint Jacques de Compostelle. Soyez tous bénis.
Rémy, Alsace
Merci beaucoup Rémy pour vos encouragements. Je fais partie de ceux qui considèrent que le chemin de chacun est différent, et que chacun fait comme il peut et comme il veut. Certains marchent quelques jours, quelques semaines, d’autres plusieurs mois consécutifs. Je crois que le chemin (celui de Compostelle et les autres) distille en nous son souffle de vie et de paix intérieure. C’est l’essentiel. Bienvenue parmi les lecteurs de Pèlerins de Compostelle. Amitiés jacquaires, Fabienne
Bonjour Fabienne
Bravo pour votre courage et votre engagement.
Cependant je reste surprise par ce que votre texte a d’évasif concernant les conditions matérielles de votre chemin.
Quel était votre budget et quel type d’hébergements avez vous choisi ?
Cela peut intéresser les futurs pélerins surtout s’ils n’ont qu’un petit budget.
Merci pour votre réponse
Bonjour Isabelle. Ce texte là présente qui je suis (du moins en partie), et mes motivations à partir sur les chemins. Il vous suffit ensuite de consulter l’un des 500 articles du site pour trouver des réponses aux questions plus matérielles. Vous trouverez une rubrique HEBERGEMENTS pour chaque chemin que j’ai parcouru. Vous y trouverez également des réponses en terme de budget : en moyenne, pour moi, une trentaine d’euros en France et une vingtaine en Espagne. Mais je vais vraiment à l’essentiel. Amitiés jacquaires, Fabienne
Bonjour, Fabienne,
Je viens de lire votre « article » qui m’a surpris et ému. En effet, en 2012, j’étais parti de chez moi (Charleville-Mézières) le 6 mars 2012 pour Santiago, via Vézelay et le Puy-en-Velay pour parvenir au Champs de l’Étoile le 27 juin, avant l’afflux des espagnols !
J’ai fait quelques pauses en chemin (9, au total) pour me reposer, faire ma lessive et me faire tailler ma tignasse (bien qu’éclaircie !) J’avais alors 75 ans. J’ai eu le bonheur de rencontrer quelques amis, surtout des amies dont l’une est devenue pour moi une soeur très chère. Je dois vous dire que j’ai perdu ma femme et mes deux fils.
En 2015, j’ai voulu partir de nouveau pour St Jacques, partant du Puy-en-Velay, cette fois, pour emprunter la voie Regordane puis, via Montpellier, Carcassonne, Pamiers, Mirepoix, le chemin du Piémont pyrénéen, via St Bertrand-de-Comminges, Lourdes, et Arudy que j’ai quitté pour remonter la vallée d’Ossau afin de gagner le refuge d’Ayous puis le GR 10 vers Hendaye. J’avais inscrit au programme le camino del Norte puis (quelle ambition!) la direction de Lisbonne avec crochet par Fatima. Hélas, une chute un peu brutale dans la descente de la montagne de la Rhune, à moins de 20 km d’Hendaye, m’a contraint à l’abandon.
L’arthrose ( et l’âge, bien sûr) m’ont empêché de partir de nouveau en 2016 et 2017. Je rêve de partir cette année sur le chemin mozarabe puis la via de la Plata et de revenir par le Camino del Norte. Est-ce bien raisonnable à 80 ans ?
Merci François pour votre message émouvant. Je suis heureuse de voir que le chemin vous a apporté de belles rencontres et que ces amitiés perdurent dans le temps. Je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : accomplissez vos rêves ! Écoutez les capacités de votre corps bien sûr, réduisez peut-être la longueur des étapes, faites des pauses quand cela est nécessaire, prenez bien soin de vous, mais si vous en rêvez, partez ! Si vous pouvez réaliser l’intégralité du chemin envisagé, tant mieux. Si vous devez l’écourter pour une quelconque raison, vous aviserez en chemin. Sinon, vous regretterez de ne pas être parti. Le doyen de mes 5 chemins avait 92 ans. Un Espagnol. Il avait parcouru le camino francès un grand nombre de fois. Je l’ai rencontré à Léon, chez les soeurs du monastère de las Carbajalas. Il m’a regardé droit dans les yeux et il m’a dit : « vous le savez-vous, pourquoi on repart encore et toujours sur les chemins ? ». Il avait des étoiles dans les yeux et l’authenticité du paysan qu’il était, vêtu et chaussé comme à l’ordinaire et non pas équipé du dernier cri de la randonnée. Je n’oublierai jamais le sentiment d’accomplissement qu’il ma transmis à cet instant là. Je vous souhaite une belle année 2018 à rêver, rêver encore et accomplir vos rêves, mon cher François. Et n’hésitez pas à venir nous raconter ici votre nouvelle aventure sur les chemins. Amitiés jacquaires, Fabienne
Bonjour François, On c’est rencontrée à tournavaux un midi au mois de Septembre. Je faisais la GR16. Je voudrais bien entrer en contact avec vous. Comment ? Merci ! Pieter Evers
je voudrais prendre le chemin de compostelle en commençant par le PUY EN VELAY, et en ai tjs les larmes aux yeux quand j’y pense.Mais j’ai peur d’avoir peur sur le chemin. Merci de m’aider en me trouvant des compagnons de marches ou de me rassurer . P.S. je voudrais entreprendre le chemin fin mars début avril 2019.
Bonjour Marguerite. vous n’avez aucune raison d’avoir peur. Il y a beaucoup de monde sur les chemins, et même si vous partez seule, vous ne le resterez pas très longtemps. Prenez contact avec l’association jacquaire de votre région, ils vous donneront moult explications et vous pourrez rencontrer des pèlerins de votre région qui vous raconteront leur expérience.
Ici la liste des associations en France : http://pelerinsdecompostelle.com/index-des-fiches-des-associations-jacquaires-francaises/
Cordialement, Fabienne
J’aurai beaucoup de plaisir a lire ton site, Fabienne. Evidemment si je m’interesse au chemin c’est pcq j’ai aussi fait l’experience de differentes facons. Celui en Espagne le chemin le plus connu ( et populaire) je voulais bien y aller mais il faut pouvoir partir quand c’est le bon moment. Apres avoir trouve une facon qui me mettait en confiance quant a la logistique, nous avons marche 11 jours sur le Camino Francés. Cela nous a donnée le gout de revenir. Quand on habite au Canada ( et dans mon cas a Vancouver) il faut planifier un peu . Donc en 2017 j’ai pu vivre une autre experience sur la voir du Puy seulement 9 jours mais ces jours nous ont encore plus donné envie de pousser un peu plus le défi. Ce printemps nous ( mon mari et moi) revenons en France avec comme objectif de faire la chemin de Puy-en-Velay jusqu’a St-Jean Pied-de-Port . Bref, la marche c’est au coeur de ma vie. Je te mets le site ( mon blog en francais) sur La Marche. si tu as le temps et envie de lire…
Merci France. Et bons préparatifs pour votre aventure sur la Via Podiensis. Si tu as des questions, n’hésite pas, j’essaye toujours d’y répondre dans la mesure de mes possibilités. Effectivement, de Vancouver, ce n’est pas la porte à côté. Je regarderai ton site. Buen camino. Ultréia. Fabienne