San Juan de Ortega et la lumière d’équinoxe

Lumière d'équinoxe au monastère de San Juan de Ortega

Lumière d’équinoxe au monastère de San Juan de Ortega, Camino francés. 22.09.2017 © Fabienne Bodan

Deux fois par an, aux équinoxes de printemps (21 mars) et d’automne (22 septembre), le chapiteau comportant la double scène de l’Annonciation et de la Visitation est éclairé par le rayon du soleil couchant (vers 17h au printemps et 19h en automne). Cette lumière d’équinoxe symbolise l’Esprit Saint descendant sur Marie. Le rayon lumineux entre par un oculus de la façade du monastère de San Juan de Ortega et vient progressivement inonder de lumière le chapiteau. Le rayon n’éclaire le chapiteau que durant quelques minutes et ce, pendant quelques jours avant et après les jours d’équinoxe.

Savez-vous que ?

  • San Juan de Ortega signifie Saint Jean des Orties. Le fondateur du monastère fut également appelé Saint Jean cantonnier. Il effectua le pèlerinage à Jérusalem. A son retour, il accomplit son vœu de construire cet édifice. Le lieu à l’époque était couvert d’orties…
  • Un chapiteau décrit le combat de Roland et de Ferragut
  • Une croix patriarcale est gravée dans un bas-relief du monastère, autorisant les pèlerins à y recevoir l’indulgence plénière.
  • L’hospice des pèlerins fut construit à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe

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Chapiteau de l’Annonciation et de la Visitation

Il fut élaboré lors de la première phase de construction du XIIe siècle. Il dépeint deux scènes : l’Annonciation et la Visitation. Les deux scènes s’articulent autour d’arches et de tours représentant la Jérusalem terrestre. Son style s’inscrit dans celui de la sculpture d’ivoires et de sarcophages de l’époque.

La scène de l’Annonciation s’organise autour de deux arches : l’archange Gabriel dans l’arche de gauche, la Vierge Marie les mains levées en signe d’acceptation à droite. La scène de la Visitation repose sous une seule arche. Isabelle et Marie se congratulent. Elles sont vêtues de manière identique. La première pose symboliquement la main sur le ventre de la seconde.

Croix patriarcale ou de l’archevêque

Connue également en Espagne comme la croix de Caravaca et en France comme la croix de Lorraine, elle est utilisée comme signe distinctif des patriarches et des archevêques. D’où son nom. Elle est composée de deux traits horizontaux et d’un trait vertical. Le trait horizontal inférieur, plus large, représente le patibulum, ou le rondin de bois sur lequel fut cloué le corps de Jésus. Le trait horizontal supérieur, plus court, correspond au titulus crucis que Ponce Pilate fit poser sur la croix du Christ, avec l’inscription INRI (Iesus Nazarenus Rex Iudaerum, soit Jésus de Nazareth, roi des Juifs).

Le début de la vénération de la Lignum Crucis (la sainte croix) remonte à Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, au IVe siècle. Ce type de croix fut rapidement utilisé par les patriarches de Jérusalem. En 1099, Godefroy de Bouillon conquit Jérusalem lors de la première croisade. Il installa à la basilique du Saint Sépulcre un chapitre de chanoines chargé de la défense du lieu saint et de l’organisation du culte. Ainsi naquit la Fraternité du Saint Sépulcre, formée conjointement de chevaliers et de membres du clergé.

Croix des patriarches, monastère de San Juan de Ortega

Croix des patriarches, monastère de San Juan de Ortega © Fabienne Bodan

La croix des patriarches pour une indulgence plénière

En 1154, s’établit à Calatayud la première maison de cette fraternité en Espagne. La communauté adopta la règle de Saint Augustin et la croix patriarcale comme symbole, et se chargea de développer sa vénération dans les provinces d’Aragon et de Castille. San Juan de Ortega (1080-1163) imposa également la règle de Saint Augustin aux frères de son monastère. Depuis le XIIe siècle, les moines ont également adopté la croix des patriarches comme emblème. Elle a été gravée dans un bas-relief sur le mur nord près de la porte donnant accès au cloître.

Monastère de San Juan de Ortega

Statue de San Juan de Ortega, Monastère du même nom © Fabienne Bodan

Les livres qui traitaient du chemin de Compostelle au Moyen-Âge affirmaient, en outre, que seules les églises et les monastères détenant la croix patriarcale pouvaient offrir aux pèlerins l’indulgence plénière. La croix simple (avec un seul trait horizontal) ne permettait d’accorder que l’indulgence partielle.

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3 réflexions sur « San Juan de Ortega et la lumière d’équinoxe »

  1. Bonjour,
    Merci pour ce bel article et le film.
    A Carcassonne, nous a vous la chance d’avoir une conférencier de talent qui nous parle du symbolisme et de l’histoire de ces beaux monuments du chemin.
    Je ne sais s’il a déjà parlé de cette église; ou j’ai peut-être raté sa conférence!.
    Donc merci.
    Serge M

    • Merci Serge. Il y a également Santa Marta de Tera, sur le camino sanabrés (suite de la Via de la Plata). Je publierai un article sur ce sujet un peu plus tard… Amitiés jacquaires, Fabienne

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